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Testé Et Approuvé
19 décembre 2008

Offrir un peu de soi-même : le Don du Sang !

Testé et approuvé : le don du sang
(Version : collecte mobile)

LogoDonDuSang

Description et hôtes :

    Don du sang : piqûre. C'est souvent ce qui nous vient à l'esprit presque immédiatement lorsqu'on pense à ce phénomène humain plutôt étrange (si l'on regarde d'un point de vue décalé de l'espèce humaine ! ... bref). Et en effet, le sang ne sortira pas spontanément de sa cachette, le filou ! C'est pourquoi les session de don du sang nécessite une certaine installation, une logistique, et même une éthique (on vous demande votre avis avant de ponctionner ! C'est un peu la différence avec le fisc, dirons-nous).
    On trouve donc, dans un ordre plus ou moins chronologique (ça dépend en fait si vous êtes furtif et stupide ou pas) : le bureau de questionnement bûcheron, l'entretient de questionnement et la salle de don. Le bureau de questionnement bûcheron (terme non formel, vu que je ne pense pas qu'il y en ait), ce n'est pas un pré-découpage de veine à la hâche pour faciliter le voyage de la seringue, mais plutôt le lieu où l'on va remplir un questionnaire très long pour communiquer nos antécédents médicaux, relationnels et sexuels. On voit bien où veulent en venir les questions ! Ensuite on passe devant un bureau avec un médecin ou un personnel paramédical s'occupe d'enregistrer vos identifiants et opère un premier test psychologique "êtes-vous en forme pour donner votre sang" ? Question quelque peu sibylline sur le moment. On est ensuite aiguillé (une première fois ! Hum... aha...) vers un coin isolé (parfois une pièce) où l'on rencontre un médecin qui cette fois va éplucher le questionnaire et étudier nos réactions. Deuxième intervention, angoissante par sa récurrence : "êtes-vous en forme pour donner votre sang ?"... Brrr, ça fait froid dans le dos, non ? Ensuite, dernière étape, la salle de don : plusieurs lits disposés en cercle concentrique. Au centre, une table couverte d'ustensile médicaux, et des médecins tout autour.

Prérequis : du questionnaire aux conditions

   
Le questionnaire présente en gros les conditions à remplir (où à éviter) pour pouvoir donner son sang. Certaines peuvent apparaître embarrassante. Loin s'en faut puisque, globalement, on peut compter sur une générale sympathie des médecins, infirmières et autres donneurs présents (généralement... parfois on tombe sur un chieur ! Mais parfois seulement). Les questions visent en priorité à dresser un rapide compte  rendu des antécédents médicaux (opérations, problèmes cardiaques, respiratoires, infectieux...), ainsi qu'à glaner quelques renseignements sur la famille (maladie génétique principalement). Je tiens à préciser tout de suite que ces questions ne sont pas directement "éliminatoires", et sont assez précises et pointues, je n'ai donc jamais été empêché de donner à cause d'elle, ni ne sais dans quelle mesure exacte elle peuvent nous recaler.
    Viennent ensuite des critères expressément stricts et cette fois plus courant : tatouage depuis moins de quatre mois, maladie entraînant une prise de médicament depuis moins de deux semaines, opération dentaire depuis moins de quatre semaine... Quelques critères physiques également : âge compris entre 18 et 65 ans, un poids supérieur à cinquante kilogrammes... À noter un critère assez déroutant qui concerne un séjour prolongé de 12 mois en Grande Bretagne entre 1980 et 1996... Viandes frelatées, tout ça... Enfin, des critères concernant l'activité sexuelle (changement de partenaire, pratique protégée ou non...).

Pourquoi donner son sang ? Utilité et besoins

   
Difficile de déambuler dans un centre de don ou sur les lieux d'une collecte mobile sans être interpelé par de nombreuses affiches arborant un chiffre presque désespérant tant à nous seul, on est loin du compte : 8 000 dons nécessaires par jour. Intrigué par le chiffre, poussé à la dispute par les nihilistes, et moi même, finalement, ignorant la façon dont allait être utilisé mes petits globules, je tentais une approche naïve auprès d'une femme médecin à la fois sèche et chaleureuse, sévère et compatissante. Une réponse enflammée et quelques minutes plus tard, ébranlé en mon sein par tant d'ardeur déployée à briser les justifications du non-don, j'obtenais quelques informations.
    Loin de l'idée que je me faisais, et qui à mon sens est la plus flagrante, le sang donné ne sert pas qu'à transfuser les gens qui en ont perdu en se faisant trancher une jambe ! Une jambe ou autre chose. Eh non. Le sang est donc utilisé pour le traitement de la leucémie, parfois de cancers... D'où un besoin plus régulier, plus lourd... D'autre part du sang est nécessaire pour la fabrication de médicaments, pour la recherche (une clause d'une feuille d'information mentionne d'ailleurs qu'en signant, on peut accepter l'utilisation du sang pour la recherche). Enfin, au delà du remplacement du sang du type qui s'est pris un coup de couteau, chaque intervention chirurgicale nécessite des transfusions (eh oui, se faire charcuter ça donne soif ! hum...). Bref, les besoins sont variés, nombreux et surtout renouvelés chaque jour, chaque fois qu'un Homme tombe malade, est blessé, ou continue de vivre avec son fardeau médical. La petite note d'optimisme, c'est que le don permet d'apporter des moyens de soins (temporaires, parfois définitifs !) : grâce au don du sang et à sa large médiatisation dans les années 1990, et surtout à l'adhésion qu'il reçut, le traitement des leucémies s'est grandement amélioré...

Le don : comment ça se passe ?

    Eh oui, on parle on parle, mais au final, on se retrouve avec une aiguille dans le bras ! Voici donc un petit récit d'un don effectué le 28 novembre de cette même année. Il s'agit d'un don lors d'une collecte mobile, c'est à dire que l'organisme du Don du Sang s'est déplacé et a installé son matériel dans une fac (et non pas du donneur qui se déplace jusqu'à un centre).
    Nous sommes donc dans une fac, la fac de Tolbiac, à Paris. Direction : le seizième étage. Le couloir de la tour C forme une boucle carrée, un peu à la manière d'une course. Sauf que là, on a tout notre temps. On commence par une pièce : la salle de questionnement bûcheron ! On s'assoit à une table pour remplir un questionnaire, on plaisante avec les autres personnes qui sont affairées (parfois gênées, parfois hilares en lisant les questions, on déstresse comme on peut)... Parce que oui, la première fois, ça donne un peu le trac. Encore une fois, le personnel d'accueil est tout à fait à l'écoute, chaleureux, rassurant. D'ailleurs, au fond de la salle, on trouve trois ou quatre médecins autour d'une table sur laquelle sont disposés boissons, gateaux, croissants, sandwishs... l'ambiance est sérieuse, parfois solennelle, mais ces médecins là sont tout à fait jovials ! On vient ensuite se faire enregistrer auprès d'un médecin (nom, prénom, avez vous déjà donné... "êtes-vous en forme pour donner votre sang ?"). L'on se dirige ensuite vers une porte close... qui s'ouvre violemment. Une autre femme médecin, plus agée, plus intimidante (c'est à dire que l'on est plus intimidé, et qu'elle intimide particulièrement, nuance double !) nous invite à entrer (c'est la fameuse femme sèche et chaleureuse, sévère et compatissante !). Là, on répond à des questions, on nous invite à manger pour prendre des forces... Petit interlocution cocasse : le médecin : "Avez-vous changé de partenaire sexuel au cours des quatre derniers mois?" - "non..." - "Avez-vous un, ou une petite amie ?" - "non..." - "Et bien moi ça m'arrange !" - "Ah ben, c'est toujours ça alors !". Eh oui, ça plaisante sec ! Hum... Toujours est-il qu'après une discussion amicale, l'on s'apprête à sortir pour se diriger vers l'étape finale du voyage, après bien sûr le désormais classique "êtes-vous en forme pour donner votre sang ?" agrémenté d'un "prenez un gâteau".

    Nous voila donc à la porte de la dernière salle comme on arrive à la projection d'un film d'auteur, réalisé par un ami dont les goûts divergent largement : c'est pour la bonne cause, mais on sait pas trop sur quoi on va tomber. Surprise : ça rit, ça plaisante, ça s'esclaffe, ça pique. Difficile d'être encore intimidé après tout ça, l'ambiance est au laissé allé ! En partie. On est invité à s'installer sur un lit, bras gauche ou bras droit (après avoir répondu à une autre question étrange : "votre meilleur bras c'est lequel ?"). Là dessus on se fait poser un garrot, on nous regarde, nous jauge. Et puis, l'aiguille à la main, le médecin nous pose cette question qui décidément devient angoissante : "êtes-vous en forme pour donner votre sang ?". Mais en forme de quoi ? Qu'est-ce qui va m'arriver ? Je dois avoir quelle forme à la fin ? ... "Oui oui, tout va bien !". Le bras est désinfecté au niveau de la veine, et là, deux écoles : celui qui détourne le regard, et celui qui regarde la seringue droit dans le piston. La première fois, on regardait ailleurs. Cette fois, on tente de scruter.
    L'aiguille... Pour ceux qui angoisseraient à ce sujet, deux choses : on ne sent rien. En tout cas rien de repoussant au point de ne pas venir pour cette seule raison. Par ailleurs, le jour où l'on devra recevoir une transfusion, on ne fera pas le difficile. Alors au risque d'avoir l'air de prêcher la bonne parole (c'est le quart d'heure prosélystisme !), disons-nous que donner maintenant c'est recevoir un peu plus tard ! (Joey's style, private joke, etc). Parenthèse close, on se retrouve donc allongé, un tube dans le bras, une balle en mousse dans la main pour "pomper" du sang, et un médecin (en l'occurence une femme) avec qui papoter. Temps de la prise de sang : entre 4 et 15 minutes. Personnellement, il m'a fallut à chaque fois un peu plus de 10 minutes. Je dois dire que c'est le moment le plus inquiétant : et si je n'y arrive pas ? Et si ça rate ? C'est un peu comme la blague du type qui échoue à l'examen d'urine... Mais tout se passe bien, et l'on est débranché, rassuré encore une fois. Derniers conseils avant de partir : boire beaucoup, environ un litre et demi, ne pas se lever trop vite, se rassoir progressivement, et surtout aller manger.
    On revient donc à la première salle où l'on rencontre les gentils médecins, et où l'on apprécie une collation en plaisantant un moment. Temps total : environs vingt à trente minutes. Douleur physique : nulle. Douleur psychologique : tout dépend de la capacité à évoquer sa vie (ou non) sexuelle sans gêne face à quelques inconnus en blouse blanche. Résultat total : plus que 7 999 dons ce jour-ci !

Conclusion

    Finalement, le don du sang, c'est surtout un cap à franchir. La première fois, on y va sur un coup de tête, parce qu'on a pas peur, parce qu'on est encouragé et enhardi par des proches ou amis, ou bien parce qu'on arrive seul à dépasser l'angoisse que ça peut représenter. Évidemment, peur de la piqûre. Moins évident, malaise dû au don lui même (ben, mine de rien c'est se dire que notre sang sera dans le corps de quelqu'un d'autre : si on est particulièrement attaché à son sang, ça peut faire drôle)... On peut trouver ou ressentir des dizaines de sensations ou raisons qui nous inciterons à ne pas donner notre sang. Mais au final, ça se résume à une chose assez simple : si un jour on a besoin d'un organe, d'une transfusion, on ne dira sûrement pas "non merci, je préfère ne pas la prendre, je pense à tous ces gens qui seraient mal à l'aise de donner leur sang"... On accepte. Dans cette optique, il semble plus juste de s'efforcer de participer à un effort qui représente une très belle entreprise humaine de solidarité !


(le site du Don du Sang)





Mister Chat

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